Dans le cadre de notre démarche de reconstitution, nous sommes amenés à réaliser des objets typiques de la période médiévale. Chaque membre a le devoir de constituer une tenue suivant son statut. Cela prend en compte les vêtements, mais également les accessoires. L’élaboration d’une tenue demande une certaine méthodologie au regard des éléments archéologiques ou iconographiques.
Projet Ceinture
La ceinture d’un paysan - simple, mais efficace
Le projet d’un paysan permet, malgré beaucoup de préjugés, d’avoir quelques éléments de richesses. La ceinture en fait partie. Ici, nous vous présentons la ceinture de Jacques, doyen du village de Cazenac et rattaché au service direct du seigneur de Cazenac. C’est une personne importante de par son rôle de « chef de village ». Il en tire quelques avantages lui permettant de se vêtir mieux que la plupart de ses voisins.
Le choix fut de partir sur des sources archéologiques du sud de la France, plus précisément des fouilles de Rougiers au dessus de Marseille.
La sangle tannée végétalement est teintée en noir à l’acétate de fer. Une teinture historique. La boucle-chape est datée du début du XIIIe siècle. La chape est gravée d’un motif croisé. L’ensemble est réalisé en cuivre doré.
L’absence d’affichets et de mordant traduit ce statut de riche paysan ayant les moyens de se procurer une ceinture un peu plus luxueuse que ses semblables.
Artisans : Charles Bricout.
La ceinture d’une paysanne - simple, mais plus raffinée
Tout comme l’exemple précédent, nous sommes ici sur une ceinture de bas/moyen statut pour Hildegrade, épouse de Jacques. Cependant, la personne qui possède cet ornement fait partie d’une classe sociale plutôt aisée, du moins, dans le village qu’elle habite. Il était nécessaire de montrer ce statut de « riche paysan » qui évoluera quelques années après sur de la bourgeoisie.
Le choix fut de partir sur des sources archéologiques du sud de la France. La sangle tannée végétale et teintée en noir à l’acétate de fer.
La boucle fut retrouvée dans une maison du village de Cabaret Lastour et date de 1180 – 1230. La chape provient de Durfort (Tarn) et date de 1200 – 1230.
L’ensemble est réalisé en cuivre doré.
Artisans : Charles Bricout, Labortemporis.
La ceinture d’un bourgeois - plus travaillée, donc plus chère
Afin de restituer la tenue d’un intendant au service du sénéchal, il était nécessaire de réaliser une ceinture correspondant à un statut de bourgeois, sans extravagance qui frôlerait le hors classe. Le choix fut de partir sur des sources archéologiques londoniennes. Cela semblait pertinent dans la mesure où les échanges entre les différentes cités méridionales d’Angleterre et la façade littorale de l’Empire Plantagenêt étaient très nombreux. Les cités portuaires, comme Bayonne, Bordeaux et La Rochelle possédaient des hinterlands profonds (pour l’époque), comme Bergerac flanquant la Dordogne pour Bordeaux. Les contacts réguliers entre Périgourdins et Anglais sont ainsi le justificatif pour l’emploi de ces sources.
La sangle choisie provient d’un cuir tanné végétalement et teinté en rouge selon une préparation à base d’alcool imitant une teinture végétale à la garance. Colorer la sangle permet de rehausser le statut véhiculé par la ceinture. Des affichets n’ont pas été apposées.
Épaisseur du cuir : 2.5 mm
La boucle-chape est datée du début du XIIIe siècle. La chape est parcourue d’un motif consistant en deux lignes gravées triangulaires en double ligne. L’ensemble est réalisé en cuivre doré. Le seul rivet retrouvé sur la chape est fait d’acier. Des traces de dorure ont été repérées sur l’ensemble.
Dimension trapézoïdale : 17 x 15.5 mm
Dimension de la boucle : 18 x 13 mm
Le mordant date de la fin du XIIIe siècle, mais est tout à fait semblable aux modèles connus des années 1200. Il fut notamment choisi par son motif, similaire à la chape de la boucle. Il est traversé par cinq rivets. Ces derniers sont réalisés dans deux alliages différents, l’un ayant des nuances jaunâtres, l’autre rougeâtre. Tout le long du mordant sont gravées deux lignes à motif triangulaire. L’extrémité basse du mordant est plus évasée, formant alors une sorte de bulle. La pièce d’origine n’était pas plaqué or.
Dimension du mordant : 38 x 14 mm
La ceinture d’une noble - le haut de gamme
Eulalie de Maisonfort fait partie de la petite noblesse du nord du Périgord. Elle peut donc se permettre de se vêtir suivant son rang, celui d’épouse du sénéchal de Beynac. Sa ceinture va refléter ce rang de petite noble avec des éléments très travaillés, montés sur une belle sangle de cuir.
L’ensemble des sources pour la réalisation de cette ceinture proviennent d’Angleterre et de France.
Dans le même esprit de noblesse que son époux, Eulalie de Maisonfort a fait une ceinture conformément à son rang. Une noble certes, mais légèrement en dessous du rang de notre sénéchal sur le plan des richesses.
La boucle provient d’Angleterre et est assez répandue. La chape, datée du XIIIe – XIVe siècle, provient de Montségur dans l’Ariège. Au centre, une fleur ou un arbre est gravé au côté d’un oiseau de profil à gauche. L’arrière est parsemé d’un décor en pointillé.
L’ensemble est monté sur une sangle de cuir rouge reprenant les codes de la teinture cuir à la garance. Une vingtaine d’affichets est fixée sur cette même sangle. Enfin, un mordant daté de 1270 – 1300 est riveté sur l’extrémité de la ceinture. Chaque élément est réalisé en bronze, cuivre ou laiton doré.
Artisans : Charles Bricout, Labortemporis.
La ceinture d'un sénéchal - le très haut de gamme
Ici, nous vous présentons un projet réalisé pour notre président qui reconstitue le sénéchal de Beynac. Accessoire important, la ceinture doit montrer la richesse de son porteur. Ici, il s’agit d’un seigneur qui peut se permettre la dépense.
Il s’agit donc d’une réinterprétation d’une ceinture en cuivre doré, gravé et émaillé. La boucle retrouvée a L’Isle-Bouzon (Gers) est datée entre la fin du XIIe siècle et le début du XIIIe siècle. Elle reste petite, comme l’ensemble des ceintures de cette période.
Dimension de la boucle : 23.5 x 28 mm
La chape de boucle possède un motif héraldique retrouvé dans le Sud-Ouest de la France. Elle est datée fin du XIIe – début du XIIIe siècle. Réalisée en cuivre doré, gravé et émaillé (émail rouge pour les bandes et bleu pour le cercle).
Dimension de la chape : 46 x 23 mm
Pour cette ceinture, notre sénéchal a fait le choix d’ajouter 25 affichets (signe ostentatoire de richesse) dans un style commun aux XIIe et XIIIe siècles. Réalisée en laiton doré.
Dimensions des affichets : 17 x 18 mm
Le mordant (extrémité de la ceinture) est conçu d’après plusieurs modèles archéologique retrouvé en Angleterre et en France. Il est en forme trapezoidale, la plus classique. Il est daté entre 1270 et 1300. (mais peut-être comparé avec d’autres sources du début du XIIIe siècle). Réalisé en cuivre doré.
Dimension du mordant : 20 x 46 mm
Chaque élément de la ceinture est monté sur un galon de soie tissé selon la ceinture/braiel de Philippe de Souabe datée au tout début du XIIIe siècle. Le galon est teinté en vert sapin.
Dimension du galon de soie : 20 x 1150 mm